Première satomisation

Les techniciens, étouffant de chaleurs dans leurs épaisses combinaisons pare-radiations, s'affairaient à brancher les dernières photopiles au circuit énergétique des bobines extractrices. Leurs travail était difficile: les précieux accumulateurs énergétiques cristallins devaient être parfaitement en contact avec les extracteurs, pour limiter au maximum les pertes d'énergies qui pourraient entraîner une dangereuse surchauffe du système. Mais ils s'en contrefichaient, car ils participaient à l'écriture d'une page d'histoire de leur nation.

Peu après, dans la fin de l'après midi, tandis que le soleil rougissant finissait de chauffer les plaines herbeuses de la savane némésienne, un vrombissement commença à se faire entendre. Au bord du cercle parfait de 75 kilomètres qui composaient la plage du complexe satomisateur, le pas de tir s'enfonçait de quelques dizaines de mètres dans le sol, révélant le centre du circuit énergétique. La tour de tir devint de plus en plus lumineux, et le vrombissement se fit de plus en plus forts. Les 14 lourdes pales se relevèrent, vidant d'un trait les photopiles en enclenchant les gigantesques bobines des accumulateur d'énergies. Une fois en place, après une dizaine de seconde, formant un angle d'une soixantaine de degré avec le sol, la surface de l'installation fut parcouru de gigantesque flux lumineux issu de la base des pales vers la conduite de tir. Le vrombissement se fit assourdissant tandis que les flux se joignirent et fusionnèrent dans la conduite de tir. Une dernière décharge eu lieu, illuminant totalement d'une lumière bleuté le point de tir, et de la tour centrale jaillit le flux satomisant, qui grimpa vers le ciel...

Puis le silence revint. Simplement un faible sifflement chuintait de chaque pale, tandis que ces dernières déversaient des nuages de gaz refroidissant.

Dans le poste de contrôle de l'installation, rien ne brisait le silence, tandis que les ingénieurs contrôlaient l'état de l'installation, et que les senseurs sondaient l'espace. Debout dans un coin, l'Impérator Jenkins se mordait les lèvres. Devant lui, l'holoprojecteur s'alluma, et fit appaaître l'avatar de l'IA de contrôle du complexe. Tous se tournèrent vers elle, et Jenkins demanda doucement:

Alors?

Analyse...

L'air sérieux de l'IA disparut dans un grand sourire

C'est une totale réussite!

Et la joie des techniciens explosa, les bouteilles de Geppelli se débouchèrent, remplissant les coupes en cristal. Pendant ce temps, l'hologramme d'une nouvelle planète jaillit: un petit bijou, une petite planète en grande partie océanne, orbitant autours de Némésis. L'IA, debout dans un coin, lui expliquait:

Elle est un peu plus grande que prévue, mais c'est pas mal pour un premier jet!

Et quelles seront les conséquences de cet "imprévu" pour Némésis?

Quelques éclipses supplémentaires, et une légère modification de l'orbite de la planète, qui déclenchera un très léger changement climatique, mais rien de dangeureux pour l'écosystèmes. Sinon, il va falloir revoir le calendrier des marées.

Magnifique.

Elle est habitable?

Composition atmosphérique sensiblement identique à celle de Némésis, climatologie similaire, 13 824 kilomètres de diamètres pour 19% de terres émergées regroupé en grande partie sur un continent, soit une habitable de 199 cases en classification universelle.

La concentration du sol en minerai ferreux est apprament importante: un coefficient de 1,15. Le climat, la composition de l'atmosphère tant chimique que physique nous permet de donner une estimation de 1,26 pour le coefficient planétaire de fertilisation, contrecarrant le solaire: le rayonnement, ainsi que l'étude du champ magnétique terrestre nous donne un coefficient solaire de seulement 0,65. Mais la bonne surprise vient du tritium: la forte concentration isotopique naturelle de l'eau locale, ainsi que la grande surface océanique, nous fait estimer le coefficient d'extraction locale à 1,90, ce qui avec le coefficient solaire nous donne un coefficient total de 1,44.

La planète est parfaite pour une implantation massive...

Parfait. Merci Deja.

L'avatar disparut, l'IA était retournée à la gestion de l'installation. Jenkins se retrouvit seul, face à l'hologramme. Il fit agrandir l'image de la future colonie, puis il admira les chaines de montagnes, les côtes découpées, la beauté vierge de se nouveau monde. Ses lèvres bougèrent à peine quand il prononça doucement ce qui deviendra le nom de cette planète:

Euterpe